13 July 2015

Le traitement automatique des langues (enfin) à l’honneur


Confrontée à un volume d’information toujours croissant, l’Europe découvre, ravie, la valeur du traitement automatique des langues, ciment de la construction européenne.

Lors du récent sommet LT-Innovate, Alexander De Croo, vice premier ministre de Belgique et ministre de l’Economie digitale ainsi que Robert Madelin, directeur général de la DG CONNECT à la Commission européenne, ont envoyé un message très clair à la communauté du Traitement Automatique des Langues (TAL) : « Nous comprenons aujourd’hui l’importance de votre discipline et le rôle qu’elle joue dans le développement économique de l’Europe. Nous apprécions aussi votre capacité à transformer et adapter votre discours à nos préoccupations économique et politique ».

Ce message, illustré dans les interventions régulières des intervenants politiques, souligne la prise de conscience du rôle fondamental du traitement automatique des langues.

Cette « compréhension déclarée » serait ainsi liée à la transformation du discours de notre discipline envers les autorités. Je n’en suis pas aussi convaincu que cela. Je n’ai pas le sentiment que notre discours ai subitement ou progressivement changé fondamentalement, et ce quelle que soit la discipline concernée, la traduction, la reconnaissance vocale ou encore l’analyse sémantique.
Cette soudaine prise de conscience des autorités européenne me semble être davantage une conséquence de leur difficulté, voire de leur impossibilité à faire face au volume d’information qui les submerge aujourd’hui.

En ce sens, nous pouvons rappeler à la communauté et aux autorités, que l’un des 3 V du Big Data – la Variété - caractérise intrinsèquement la masse des données qu’il faut appréhender et traiter.
C’est bien cet enfant de l’ère numérique qui a éveillé les consciences sur l’importance des données, leur nature, leur diversité, leur masse, pour l’aide à la décision technique, économique et politique.
Cependant, quelles qu’en soient les raisons, cette prise de conscience, dans le contexte du « Digital Agenda for Europe » est une excellente nouvelle pour notre communauté. Celle-ci, rappelons-le, est composée à la fois d’universitaires, mais également d’un grand nombre de PME à travers toute l’Europe. Il apparaît donc aujourd’hui que nous sommes clairement identifiés et reconnus pour nos expertises variées et notre valeur contributive au développement et aux enjeux européens.

Nous le savons, et j’ai pu le vérifier lors de notre réunion annuelle, toutes les entreprises engagées de notre communauté connaissent bien la manière dont elles peuvent contribuer à ce développement stratégique. En revanche, trop nombreuses sont celles qui finissent par baisser les bras au moment de se confronter aux mécanismes administratifs complexes et statutaires de l’Europe. Nous sommes en général des entreprises de petite taille et malheureusement pas toujours correctement équipées pour échanger d’égal à égal avec les autorités Européennes à l’occasion de projets de type H2020 ou autre. Nous avons parfois le sentiment regrettable qu’au cours des 15 dernières années, le fossé entre nous continue inexorablement de se creuser, qu’une communication simple et directe reste toujours difficile et qu’au final, l’Europe ne sait pas nous accompagner.

Il est urgent et impératif que l’Europe assume et entretienne un rôle d’accompagnement stratégique – à l’instar des États-Unis – auprès de nos PME innovantes, de nos start-up, parfois fragiles, afin d’assurer des perspectives de développement pérenne à moyen et long terme. L’Europe doit comprendre l’importance stratégique des technologies innovantes que nous développons pour servir, entre autre, l’indépendance technologique, économique, culturelle et juridique de notre continent européen.

Il est heureux que nos représentants européens prennent conscience de notre existence technologique et de notre valeur associée. Il est temps maintenant que notre Europe administrative se mette à notre hauteur afin de nous apporter une aide active en nous impliquant dans des projets d’exécution et de production. L’un des premiers bénéfices attendus permettrait certainement de simplifier et d’optimiser ses propres rouages administratifs...

Charles Huot est le directeur général délégué et co-fondateur de TEMIS, une société de gestion des données non structurées. TEMIS aide les entreprises à archiver, gérer, analyser, trouver et partager un volume d’informations toujours croissant. Cet article a été publié aussi sur EurActiv.

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